Virilité et Libéralisme

“Virilité et Libéralisme,” Archives de Philosophie du Droit, Vol. 41 (1997), pp. 25-42.

Excerpt:

La virilité est une qualité – pour ne pas parler de vertu – aujourd’hui fort en disgrâce. N’importe quelle femme dotée d’un zeste de féminisme – pour être bref, disons toutes les femmes – la regarde d’un oeil torve, tandis que les hommes craignent de l’affirmer. La virilité est le principal objet de la révolution féministe contre le patriarcat puisque « viril » ne semble pas désigner uniquement un sexe mais impliquer, ou plutôt, affirmer sa supériorité. On a donc rebaptisé la virilité sexisme, le isme indiquant la croyance en une supériorité innée ou inhérente.

La campagne contre la virilité a connu un incroyable succès. Elle ne l’a peut-être pas exterminée, mais elle en a supprimé l’aspect décidé et louangeur. « J’aime une liberté virile, morale et bien réglée » a dit Edmund Burke 1. Fini tout cela ! En l’espace d’une génération, l’homme viril, attentif par courtoisie mais essentiellement préoccupé de luimême, a été remplacé par l’homme sensible, créature bien plus circonspecte qui se soucie de ce que les femmes pensent de lui. Cette révolution n’a pas seulement été une réussite, c’est une réussite qui n’a pas fait couler de sang. Les mâles n’ont offert aucune résistance ; aucun méchant héros du machisme ne s’est dressé pour défendre cet odieux privilège, comme le gouverneur Wallace lors de la révolution des droits civils. Il n’y a donc, ce qui est assez malencontreux mais très impressionnant, personne aujourd’hui que l’on puisse mettre au pilori. Tout s’est passé comme si l’homme viril était prêt à abandonner la qualité à laquelle il s’était accroché pendant des millénaires, voire plus long-

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